En quoi consiste le clonage des animaux, comment est-ce possible ?
Le clonage animal consiste à produire un animal qui est une « copie » de l'original.
La technique étant fort coûteuse, plus de 10.000 euros par animal.
Ce processus fait généralement intervenir une technique appelée transfert de noyau de cellule somatique ou SCNT (Somatic Cell Nucleus Transfer).
Une copie génétique d’un animal est produite en remplaçant le noyau d’un ovule non fécondé (cellule-œuf) par celui d’une cellule du corps (cellule somatique) de l’animal pour former un embryon.
Une fois le noyau extrait, celui-ci va être injecté dans l’ovule d’une mère porteuse. Normalement un ovule possède lui aussi un noyau, mais pour éviter de mélanger l’ADN et que l’embryon se retrouve avec deux fois trop d’information génétique, le noyau de la cellule reproductrice est préalablement retiré. L’ovule est prêt à recevoir un autre noyau.
L’embryon est ensuite transféré dans l’utérus d’une mère porteuse, où il se développe alors jusqu’à la naissance. En effet, une fois le noyau injecté, l’ovule se comporte comme si l’embryon était issu d’une fécondation : il va produire tous les signaux qui permettent la multiplication cellulaire et le développement de l’embryon.
Le développement de l’embryon ne peut pas se faire en laboratoire. La mère porteuse ne transmet pas son patrimoine génétique à l’embryon qu’elle porte mais assure sa nutrition et son bon développement comme si c’était son propre bébé.
Chez les moutons et les porcs, le transfert de l’embryon dans l’utérus de la mère porteuse s’effectue chirurgicalement. Chez les bovins, le transfert d’embryon est suffisamment stressant pour que la législation du Royaume-Uni exige une anesthésie générale ou péridurale.
Le clonage végétal
Le clonage est utilisé depuis de nombreuses années.
La technique, qui consiste à prélever une petite partie du végétal, de laquelle sera issu un autre végétal, est employée à une plus grande échelle commerciale depuis quelques temps pour certains fruits et légumes, notamment les bananes.
La technologie a plus récemment été appliquée aux animaux (1996 avec la naissance de la brebis Dolly).
La brebis Dolly
Elle est le premier mammifère cloné par l’homme.
Keith Campbell et Ian Wilmut, deux scientifiques britanniques qui voulaient cloner une brebis ont récupéré une cellule des glandes mammaires de la brebis à cloner pour en extraire le noyau qui contient alors toute l’information génétique du mouton. Quelques mois plus tard, le 5 juillet 1996 Dolly nait. Elle est alors le clône d'un autre mouton, ils possèdent tous deux le même patrimoine génétique.
Cependant le clonage génétique a tout de même ses limites : les animaux qui sont nés à l’issue d’un clonage débutent leur vie avec le même état de vieillissement que le clone qui a servi de modèle, par exemple Dolly a été clonée à partir d’une brebis de 6 ans, à sa naissance Dolly avait déjà un âge “biologique” de 6 ans. Son vieillissement a donc été très rapide. Elle a vite souffert de problèmes d’arthrites et de difficultés respiratoires. Ainsi, elle est morte à l’âge de 7 ans. Sa dépouille naturalisée trône à présent au musée national d'Ecosse.
La dépouille de Dolly au musée national d'Ecosse.
Y a-t-il actuellement de la viande d’animaux clonés en vente?
À l’heure actuelle, le clonage ne constitue pas une pratique commerciale en Europe.
Depuis juillet 2001, aux États-Unis, un moratoire volontaire sur la vente de viande issue de clone est en vigueur. Cependant, ce moratoire ne concerne pas les denrées alimentaires provenant de la descendance des clones ni le sperme ou les embryons issus de clones. Ainsi la Food and Drug Administration (FDA) américaine a autorisé en 2008 la commercialisation des produits provenant d'animaux clonés et de leur progéniture, estimant qu'ils étaient "aussi sûrs que ceux des animaux conventionnels".
L'Argentine, le Brésil, le Canada, l'Australie pratiquent également le clonage d'animaux d'élevage.
La Chine a fait sensation fin 2015 avec l'annonce de la construction d'une usine de clonage de divers animaux. La société Boyalife promet 100.000 embryons de vaches la première année et un million par an à terme.
Un rapport d'experts remis en novembre à la Commission européenne admet alors une "possibilité" que des aliments issus d'une progéniture de clones se retrouvent dans l'assiette des consommateurs européens.
Cela en raison des importations de viande et lait en provenance de pays tiers, mais aussi d'importation d'animaux vivants et de matériel génétique utilisé pour la reproduction animale dans l'UE.
"Les Européens mangent sans doute à leur insu de la viande issue de descendants de clones en l'absence de traçabilité et d'étiquetage", déclare à l'AFP Pauline Constant, porte-parole du BEUC (Bureau européen des associations de consommateurs).
Si en Europe, le clonage n'est pas permis à des fins commerciales, principalement à cause de l'opinion publique sur le sujet, il n'est pas impossible que l'on en retrouve dans nos assiettes si l'on ne privilégie pas une viande locale. Cependant, il est plus courant de trouver des animaux génétiquement modifiés par l'Homme dans le commerce.
Modification génétique
Les animaux d’élevage sont génétiquement modifiés à diverses fins, notamment l’amélioration des taux de croissance, l’augmentation de la résistance aux maladies et la modification de la composition de la viande et du lait.
La manipulation génétique consiste à insérer dans un animal des gènes provenant d’une autre espèce ou des gènes supplémentaires de la même espèce. Elle peut également entraîner la modification ou l’élimination des propres gènes d’un animal.
Les animaux génétiquement modifiés en vue d’une croissance plus rapide souffrent d’effets secondaires douloureux. C’est dans le cas des poissons d’élevage que la production d’animaux génétiquement modifiés à croissance rapide est la plus avancée. Ces manipulations ont entraîné des difformités, des difficultés pour s’alimenter et respirer ou une moindre capacité à nager;
Les répercutions du clonage sur les animaux
Dans une proportion significative d'animaux clonés, principalement pendant la période juvénile chez les bovins et la période périnatale chez les porcins, la santé et le bien-être est sévèrement altérés, souvent avec des conséquences graves, voires fatales.
La plupart des fœtus clonés meurent pendant la grossesse ou à la naissance. Seuls 6 à 15% des embryons de bovins clonés et environ 6% des embryons de porcs naissent vivants . Nombre de ces clones meurent précocement en raison de problèmes comme des défaillances cardiovasculaires, des difficultés respiratoires, des problèmes rénaux et des systèmes immunitaires défaillants.
Parmi ceux qui naissent en vie, jusqu’à 22% des veaux clonés, 25% des porcelets clonés et 50% des agneaux clonés meurent avant le sevrage.
La pratique du clonage et de la manipulation génétique entraînerait l’agriculture dans la mauvaise direction, en perpétuant l’élevage industriel. Ces pratiques supposent d’utiliser des animaux sélectionnés en fonction de rendements et de vitesses de croissance si élevés qu’ils sont exposés à de graves problèmes de santé. Le clonage et la manipulation génétique vont à l’encontre de la nécessité de plus en plus reconnue de respecter les animaux en tant qu’êtres sensibles.
L’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) constate qu’il existe une augmentation des problèmes de gestation chez les bovins et les porcs qui portent un clone et des fréquences accrues de naissances difficiles.
Ceci, lié à la plus grande taille des descendants clonés, rend la pratique des césariennes plus fréquente chez les bovins qui portent un clone que dans les cas de gestations classiques.
"La mortalité embryonnaire est élevée, la mise bas peut être difficile, certains animaux naissent trop gros ou avec des pathologies lourdes", note M. Peyraud. Des cas de veaux à trois pattes ou d'animaux à deux têtes ont été rapportés, dit-il.
Le transfert de noyau de cellule somatique (la technique la plus couramment utilisée pour le clonage animal) a toutefois permis de produire également des bovins et des porcins en bonne santé, de même que leur descendance.
Aucun élément n’indique qu’il existe des différences, en termes de sécurité des aliments, entre la viande et le lait obtenus à partir des animaux clonés et de leur progéniture, et ceux dérivés d’animaux conçus de manière traditionnelle. Cette conclusion est toutefois basée sur l’hypothèse que la viande et le lait sont obtenus à partir d’animaux en bonne santé qui sont soumis à des règles de sécurité des aliments et à des contrôles adéquats.
Néanmoins des incertitudes dans l’évaluation des risques persistent, ils résultent du nombre limité des études actuellement disponibles, du caractère réduit des échantillons étudiés.
Notre avis
À la lumière des graves impacts du clonage et de la manipulation génétique sur la santé et le bien-être des animaux, le clonage et les animaux génétiquement modifiés ne devraient jouer aucun rôle dans l’élevage européen.
L’U.E devrait plus fermement interdire la modification génétique et le clonage d’animaux pour la production alimentaire ainsi que l’utilisation de clones, d’animaux génétiquement modifiés et de leurs progénitures dans l’U.E. Les règles paraissent encore aujourd'hui assez floues. Au minimum, ces aliments devraient être étiquetés comme tels.
Dans les autres régions du monde, le clonage est plus popularisé mais devraient aussi être ralenti. Cependant les moyens d'actions à notre échelle semblent faibles.
Si certains animaux clonés semblent être en bonne santé, les risques que la pratique présente ne sont pas négligeable et devraient être un plus grand facteur décisionnel. On ne peut se permettre de tuer de nombreux animaux dans l'espoir que dans le lot certains se portent bien.
Le Groupe Européen d’Ethique (GEE) des Sciences et des Nouvelles Technologies a estimé posséder "des doutes sur la justification éthique de l’utilisation d’animaux clonés pour l’alimentation".
Et en effet, le caractère éthique de cette pratique fait débat. Le problème sous-jacent au clonage des animaux est alors la sélection génétique qu’il va entrainer. En effet, les animaux à cloner seront choisi en fonction de leurs capacités de leurs productions, etc.
L’Homme s’implique ainsi dans un processus naturel et remet en cause une sélection naturelle, normalement réalisée sur des générations.
Et, au contraire, si un animal en mauvaise santé est cloné, il perpétue ce schéma sur sa descendance. En somme, l’Homme ne devrait pas influer sur la reproduction des animaux et encore moins avec des techniques scientifiques innovantes, à hauts risques d’altération sur la santé des animaux. Si ce clonage se poursuit, on prend le risque de voir des animaux clonés et nés par la seule volonté humaine et productrice, mourir, quand ce n’est pas à nous de choisir comment les animaux vont se reproduire. Nous devrions adapter notre consommation de viande aux ressources que l’on possède et non l’inverse.
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