Lorsqu’on parle de l’environnement, on pense souvent à un domaine qui est universel. Un domaine qui nous affecte tous de la même façon. En réalité, nous vivons dans une société où il existe des inégalités sociales. Un spectre hante de ce fait le mouvement écologiste : les inégalités environnementales. Les communautés précaires, se retrouvent ainsi à vivre, à se nourrir et à grandir dans des environnements qui sont injustement des points chauds de pollution.
Ainsi les notions d'inégalité et d’environnement son intiment liées.
On parle même alors parfois de racisme environnemental.
Le racisme environnemental, c’est quoi ?
Le racisme environnemental, ça serait la discrimination ou l’oppression envers des groupes ethniques qui les poussent à habiter dans des environnements nocifs ou de moins bonnes qualités que le reste de la population.
L’un des premiers symptômes que l’on constate, au niveau du racisme environnemental, c’est la tendance à localiser les industries polluantes à proximité de communautés précaires ou étrangères.
Celles-ci sont souvent exposées de façon injuste et disproportionnée à la pollution de l’air, la pollution de l’eau, les ilots de chaleur. On constate que ces communautés ont aussi moins souvent accès aux bénéfices environnementaux qui viennent, par exemple, de la présence d’espaces verts.
Le professeur Robert Bullard sera l’un des principaux théoriciens du racisme environnemental, processus d’exclusion territorial qu’il définit comme :
“l’ensemble des politiques, des pratiques et des directives environnementales qui ont des conséquences négatives disproportionnées, qu’elles soient intentionnelles ou non, sur certaines personnes, certains groupes ou certaines communautés”
...Mais c'est avant tout des inégalités environnementales persistantes
Dans le contexte actuel, la question des inégalités environnementales ou écologiques fait partie de cette catégorie de problèmes largement ignorés.
L’inégalité environnementale peut être définie comme une inégalité d’exposition aux nuisances et aux risques environnementaux, et une inégalité d’accès aux aménités et ressources environnementales.
L’exposition est une variable complexe, qui dépend bien sûr de la proximité et de la nature des sources, mais aussi de la perception des nuisances ou des risques et des capacités de défense des populations.
L’inégalité environnementale peut être lue à une échelle planétaire, à une échelle locale ou à tous les échelons intermédiaires. La qualité de l’environnement est en partie déterminée par les politiques d’aménagement, d’infrastructures, d’espaces verts, de limitation de la circulation automobile, etc.
La prise de conscience du caractère inégalitaire des politiques d’équipement et d’urbanisme sur un plan environnemental ou du caractère régressif des politiques environnementales sur un plan social accompagne donc l’idée d’inégalités environnementales.
La problématique écologique apparaît doublement sociale.
D’une part, par le fait que les destructions de l’environnement génèrent par rétroaction des dommages subis par des populations humaines. D’autre part, parce qu’il existe des différenciations sociales dans l’exposition aux nuisances et aux risques, tout comme dans l’accès aux ressources environnementales.
Et bien que la problématique ne soit pas tout à fait nouvelle, puisqu’on la trouve formulée en partie au XIXe siècle et, plus récemment, dans les années 1970, force est de constater l’ampleur de la méconnaissance, en France et en Europe, relative à ce champ d’inégalités.
Ces inégalités silencieuses expriment on ne peut mieux la difficulté des scientifiques, des politiques et des acteurs de terrain à croiser la question sociale et la question environnementale.
L’exemple de l’Agent Orange
Le contexte
En aout 1961, lors de la guerre du Viêt Nam, les premiers épandages de "l’Agent Orange" ont lieu dans le pays, employés par l'armée américaine.
Plus de 80 millions de litres d’herbicides ont alors été déversés sur les forêts vietnamiennes. Les conséquences sont catastrophiques pour la faune, la flore et l’humain. 37 entreprises ont fabriqué ce produit meurtrier dont Dow Chemical et Monsanto. Les industriels connaissaient le danger de l’Agent Orange sur la santé humaine.
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La justice américaine
En 1884, les vétérans américains ayant intenté une action en justice contre les 37 fabricants sont indemnisés pour retirer leur plainte. Plusieurs maladies sont répertoriées permettant aux anciens combattants d’être dédommagés. En 2004, plusieurs victimes vietnamiennes saisissent le justice américaine sur les mêmes fondements que les vétérans américains. Elles seront déboutées en 2009 (rejetées par le tribunal).
Le procès du 25/01
C'est en 2014 que Tran To Nga a déposé une plainte contre Monsanto et 25 autres entreprises ayant fabriqué l'Agent Orange. Ce procès est possible suite à une loi autorisant un.e ressortissant.e français.e à poursuivre une personne physique ou morale étrangère pour des faits commis hors de la France.
Tran To Nga veut obtenir condamnation des firmes afin qu'elle fasse jurisprudence pour toutes les victimes de l'Agent Orange. Et même 60 ans après les faits, en 2021, l'Agent Orange continue d'infester le Viêt Nam.
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L'infime partie des victimes de "l'Agent Orange", surnom donné à l'un des herbicides, au défoliant précisément , le plus employé par l'armée des États-Unis.
La lutte contre ces inégalités
--> Le samedi 18 juillet 2020 à Beaumont-Sur-Oise (95), la Génération Adama et la Génération Climat marchaient ensemble, pour dénoncer un système inégalitaire et injuste, basé sur des rapports de domination et d’oppression. Portées par les mobilisations contre les violences policières et pour la justice climatique, ces deux générations voulaient, et veulent toujours, construire les bases d’une nouvelle société, plus juste et plus soutenable, où les quartiers populaires ne sont plus le terrain des inégalités raciales, sociales et environnementales.
Cette alliance inédite visait à élargir la base du mouvement dénonçant les violences policières et dessiner les contours d’une écologie populaire, tournée vers l’amélioration des conditions de vie des populations les plus précaires.
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Le droit de l’environnement
Pour le juriste Olivier Soria, spécialiste du droit de l’environnement:
« les réformes législatives sur les installations (environnementales), visent à alléger toujours plus les conditions de sécurité ».
Selon lui, c’est une régression continue du droit de l’environnement.
Pourtant le Parlement a définitivement adopté le 16 décembre 2020 le projet de loi relatif au Parquet européen et à la justice pénale spécialisée. Ce texte réforme aussi la justice environnementale à travers deux volets principaux.
En premier lieu, la loi crée des juridictions spécialisées en matière d'environnement. Un tribunal judiciaire est désigné dans le ressort de chaque cour d'appel pour les délits dans le domaine de l'environnement. Ces tribunaux spécialisés seront aussi compétents pour juger des affaires civiles : préjudice écologiques, actions en responsabilité civile prévues par le code de l'environnement…
En second lieu, la loi crée la convention judiciaire d'intérêt public, un outil de transaction pénale en matière d'environnement. La convention peut imposer le versement d'une amende pouvant atteindre 30 % du chiffre d'affaires d’une entreprise.
La loi adoptée renforce les prérogatives des inspecteurs de l'environnement affectés à l'Office français de la biodiversité (OFB). Elle permet également, par exemple, l'immobilisation d'un navire ayant jeté des eaux de ballast nuisibles et clarifie les compétences des juridictions des littoraux.
Le lien entre inégalités sociales et environnementales
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Kinaiyahan Association
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